samedi 17 novembre 2018

René Rémond: Trouver une autre manière de témoigner de l'esprit de partage et de pauvreté.

Un exemple: la manière pour nos sociétés de se situer par rapport à la richesse. Comment remettre en valeur l'esprit de pauvreté, actualiser l'appel à prendre de la distance à l'égard de l'argent? En d'autres temps, l'Eglise a su trouver des réponses adaptées et audacieuses: les ordres mendiants au Moyen Age, les congrégations hospitalières ou enseignantes au XIX° siècle. A chaque fois, il s'agissait de répondre à un besoin social concret: soigner des lépreux, accueillir ou nourrir des pauvres, éduquer des enfants…
 

Aujourd'hui, nous ne sommes plus au Moyen Age, nos sociétés sont ordonnées à la production des richesses, des richesses dont beaucoup profitent, même si existent des zones de pauvreté ou d'exclusion. L'Eglise doit donc trouver une autre manière de témoigner de l'esprit de partage et de pauvreté. Elle le fait déjà quand elle préconise une répartition plus équitable des ressources ou fait campagne pour l'abolition de la dette des pays du tiers-monde; mais cela ne suffit pas! Des applications nouvelles, plus originales doivent être trouvées pour signifier que la recherche du profit, l'accumulation des richesses, ne sont pas les seules valeurs possibles. C'est aussi une manière de témoigner de la grandeur de l'homme que de ne pas se résigner à ce que l'individu soit écrasé par la fatalité économique.


L'homme ne vit pas seulement de pain ou de stock-options, il ne trouvera pas son bonheur ou sa liberté dans la progression du CAC 40! Pour manifester ses valeurs propres, pour réagir à l'idolâtrie de l'argent, le christianisme doit susciter des expressions adaptées, comme l'Eglise a su inventer autrefois le jeûne du vendredi ou la Trêve de Dieu.
René Rémond : "Le Christianisme en accusation" p. 150

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