dimanche 13 novembre 2016

Marcellin Champagnat, le fondateur des Frères Maristes.


C’est cet homme de notre région qui, avec d'autres Lyonnais, a voulu rechristianiser notre pays au début du XIXème siècle. L'Eglise de France ressortait alors meurtrie après la Révolution de 1789. Parlons seulement de la région lyonnaise car il y eut beaucoup d'autres foyers de renouveau dans notre pays.

Né en 1789

C'est à Marlhes, sur le plateau du mont Pilat, que Marcellin Champagnat vient au monde, en 1789, l'année même où commence la Révolution. Sans être vraiment révolutionnaire son père, petit agriculteur, était ouvert aux idées nouvelles véhiculées par la Révolution.
Des prêtres du grand diocèse de Lyon parcouraient les campagnes à la recherche de candidats au sacerdoce. Marcellin accepta avec hésitation d'entrer dans cette voie en ignorant sans doute les difficultés qui l'attendaient. Son parcours pour devenir prêtre rappelle celui du curé d'Ars son aîné de quelques années (1786-1859). Les études furent très difficiles pour Marcellin. Il connut le découragement. Mais il avait une mère qui le soutint. Ils allèrent ensemble à la Louvesc, pas si loin de Marlhes, et il reprit courage.

La promesse de Fourvière

Ces premiers obstacles franchis on le retrouve à Fourvière avec d'autres jeunes prêtres, pleins de zèle. Ils ambitionnent de fonder une société qui appelleront "La Société de Marie" comprenant des prêtres, des sœurs, des frères et des laïcs. Marcellin, choisit de s'occuper de la branche des Frères. Ordonné prêtre en 1816 il est nommé à La Valla-en-Gier, une paroisse de montagne au sud de St-Chamond. A peine arrivé il met à exécution la résolution prise à Fourvière. On était en janvier 1817.

Les atouts de ce fondateur

Marcellin était un homme sans prétentions mais doué d'une volonté de fer. Ses confrères prêtres disaient plutôt que c'était un entêté! Mais c'était aussi un mystique, un amoureux de la Vierge Marie. Sans beaucoup d'argent ni de puissants appuis ce "vicaire paysan" se lance dans une grande aventure qui le mènera bien plus loin qu'il aurait imaginé. Persuadé qu'il fait la volonté de Dieu il n'hésite pas à "sortir des sentiers battus". Il quitte son presbytère pour habiter avec ses premiers frères et se "fait maçon" pour construire une grande maison dans la vallée du Gier. Elle deviendra ce "Notre Dame de l'Hermitage" qui continue de rayonner aujourd'hui.


Marcellin ne manquait pas d'atouts. Son courage, son audace étaient servis par un sens pratique peu commun et surtout il était "adoré" de ses Frères, issus du même milieu que lui. Son œuvre va se développer de manière inattendue et miraculeuse. Les épreuves ne seront pas épargnées au courageux vicaire. Peu de soutien du côté du diocèse de Lyon au début au moins. Pire que cela l'un des jeunes prêtres qui était monté à Fourvière avec lui en 1816 essaiera de l'écarter et de s'imposer à l'Hermitage quand Marcellin était malade. Les autorités administratives ne lui font guère confiance non plus. Toutes ses démarches pour faire approuver et reconnaître sa congrégation resteront vaines.

"Si la grain ne meurt..."

Quand Marcellin Champagnat, épuisé par le travail, les épreuves, la maladie quitte ce monde à 51 ans en 1840 on ne donne pas cher de son œuvre. Mais était-ce vraiment la sienne ou celle de Dieu? Ce qu'il laissait de plus précieux à ses frères c'est un esprit. Que de chemin parcouru depuis 1817! Les Frères Maristes d'aujourd'hui voudraient continuer à vivre de cet esprit.
fr Bernard Méha


vendredi 4 novembre 2016

"J'ai quitté ma loge pour le Christ"

Cet article est extrait de la revue LA VIE du 13 octobre 2016
(Voir le lien indiqué à la fin du texte)

Après vingt années passées dans la franc-maçonnerie, Christophe Flipo a découvert le Christ. Et fait ses adieux à ses frères maçons. Désormais convaincu que seul Dieu propose un vrai chemin de bonheur. 





« C'est un chemin progressif qui m'a amené à quitter la franc-maçonnerie
La conversion d'un couple d'amis, Cyrille et Virginie, à Rocamadour, nous a mis en route, Frédérique, mon épouse, et moi, en 2011. Là-bas, nous avons rencontré des chrétiens au service des pèlerins et des touristes. En discutant avec eux, en voyant notamment ces jeunes croyants épanouis, en écoutant les enseignements du recteur du sanctuaire qui nous a accompagnés dans ce cheminement, en appréciant la liturgie du lieu, nous avons vécu un véritable bouleversement. Ce sont les chrétiens et l'Église qui nous ont convertis, par l'exemple. Je ne doute pas que Dieu nous parle à travers les hommes.
Comme la plupart des frères, je suis entré en maçonnerie par hasard.
Un ami, un jour, vous propose de le rejoindre dans une association d'hommes « cherchants »... Cette idée m'a séduit car j'étais en quête de sens et je pensais que toutes les voies étaient bonnes à prendre pour rechercher la cause première du monde. Mais ma rencontre avec Dieu est venue tout chambouler. En m'affirmant chrétien, j'ai compris que je n'avais plus de raison de m'incliner devant des objets ou de faire des prières à un dieu générique sans consistance, de suivre ces rites qui ressemblent à une messe mais sans la Présence... 
La franc-maçonnerie ne dit pas de mal de l'Église 
Je parle de la loge déiste que je fréquentais – et les rituels sont d'origine biblique, mais elle y ajoute des traditions païennes qui nivellent toute conviction. Tout se vaut. La dérive pour moi, c'est le syncrétisme (système philosophique ou religieux qui tend à faire fusionner des doctrines différentes). Alors que la foi chrétienne, elle, s'en remet à Dieu et à la rédemption pour que l'homme s'accomplisse, chez les maçons, l'homme va chercher son état parfait, « adamique », à partir d'une connaissance : c'est le principe de la gnose, hérésie d'origine grecque.
Un jour Frédérique m'a demandé de quitter la franc-maçonnerie, 
ou plutôt redemandé ; ça a été le déclic : le Ciel me mettait face à un choix. Quatre jours après, j'expliquais à mes frères les raisons de ma démission. L'incompréhension fut totale, car j'étais un maçon très investi. Tout au long des années, cet engagement avait pris une place grandissante dans ma vie. J'étudiais passionnément. Mais je vivais cela seul, en écartant Frédérique : c'est difficile de partager ce que l'on reçoit d'une loge maçonnique, c'est comme décrire un film dans le détail, c'est plutôt barbant pour celui qui écoute... D'ailleurs, je lui en parlais de moins en moins. Le projet spirituel de notre mariage s'éteignait peu à peu. Lorsque Frédérique m'a demandé de quitter la maçonnerie, j'ai compris que j'avais été un conjoint défaillant. Ma dernière « planche » (travail que l'adepte présente à ses frères franc-maçons) aura été ma lettre de démission...

Au maçon et son secret, je préfère le chrétien qui se met en pleine lumière.

En quittant le groupe, j'ai cessé d'exister aux yeux de mes frères. 
C'est une fraternité qui manque de profondeur. Je l'avais déjà constaté, notamment lorsqu'un frère était malade ou absent, et que personne ne se souciait de savoir ce qui se passait, mais je m'en aperçois encore plus aujourd'hui. Mon premier livre témoigne de notre conversion, il interroge indirectement le maçon sur le sens de l'édifice maçonnique et sur le conjoint laissé sur le bord du chemin. En parlant du couple, je pensais pouvoir peut-être toucher mes frères... Mais, après la parution de mon livre, la Meilleure Part, en 2015, je n'ai eu aucun retour, même négatif. Sans doute parce que, même si je reste respectueux de mon expérience passée, je démystifie ces rites que l'on prend trop au sérieux.
Aujourd'hui, je m'ouvre, je fais des rencontres enrichissantes
 la maçonnerie est un cercle fermé. Elle flatte l'ego, on fait partie des élus, on passe de bonnes soirées mais c'est peu fécond. Pour autant, je ne regrette pas ces années qui m'ont construit, l'édifice est bien conçu, passionnant à étudier, et cela m'a conduit là où j'en suis aujourd'hui. Je me suis interrogé sur le sens de la vie, car j'étais dans une loge déiste, donc spirituelle, et non dans la maçonnerie de réseau, plus présente dans les loges politiques... Mais en tant que chrétien, il me paraît évident que je n'avais pas à poursuivre dans cette voie. Aujourd'hui, heureux de recevoir la joie des sacrements, pourquoi retournerais-je dans un théâtre où l'on se contente de faire semblant ? Pour moi, il y a une réelle incompatibilité entre foi et franc-maçonnerie.
Je suis heureux et fier d'être chrétien, j'ai vraiment de la chance 
j'ai eu beaucoup de grâces sur ma route, j'ai vu beaucoup de signes... À plusieurs reprises, j'ai été touché par une parole d'Évangile. J'ai constaté que Dieu vient à nous et qu'on n'a pas trop besoin d'aller le chercher... La maçonnerie ne me manque pas. Au maçon et son secret, je préfère le chrétien qui se met en pleine lumière. 
Je me suis rapproché de mon épouse, 
et nos enfants prennent avec le sourire notre conversion car ils voient que nous sommes plus heureux. La foi chrétienne propose un programme de bonheur ; pour y parvenir, on s'en remet à Quelqu'un qui accorde à chacun de nous une valeur infinie, qui nous aime et nous invite à aimer. J'ai réalisé ce qu'était la joie du partage : si l'autre est digne d'être aimé de Dieu, pourquoi ne l'aimerais-je pas, moi aussi ? Frédérique et moi, nous avançons désormais ensemble sur notre chemin de foi, en paroisse et chez les Dominicains, où nous avons intégré une fraternité. Et la communion est une vraie joie pour moi. »