Après le meurtre abject du père Jacques Hamel, et contrairement à ce que l’on pouvait redouter, une onde de solidarité a gagné la France. Des chrétiens, des musulmans, des juifs et des athées se sont réunis dans le chagrin.
La violence habite nos sociétés
Mais nous n’en sommes pas quittes pour autant avec la violence qui habite nos sociétés. Pensons à celle qui hante l’école, à l’insécurité de certains quartiers ou des transports en commun, à la délinquance adolescente, aux brutalités domestiques ou aux incivilités de toute sorte. Sans parler de la violence dans les médias.
Il faut une longue sédimentation de générations, maintes décennies, pour constituer en quelque sorte des types humains ayant intériorisé une acceptation spontanée de la règle commune. Or ce passage de relais semble aujourd’hui grippé.
On a dissipé un capital éducatif accumulé au cours des siècles
On en connaît les raisons : crise de la famille, de l’école, des grandes cultures intégratrices, etc. Après avoir fait si longtemps l’éloge de la transgression, de l’individualisme, du cynisme, à force d’avoir chanté sur tous les tons le refus des règles, des contraintes et des vertus civiques, on a dissipé un capital éducatif accumulé au cours des siècles. Il s’agit de le reconstituer.
Il faut combattre le terrorisme, mais sans oublier que la violence n’est pas seulement le fait de quelques « tueurs ». Virtuellement, elle habite aussi chacun d’entre nous.
Jean-Claude Guillebaud dans LA VIE (4-11 août 2016)