lundi 4 décembre 2017

A propos des Parcours Alpha

Le Parcours Alpha est une série de repas conviviaux, ouverts à tous, où chacun peut venir s’interroger et échanger, avec d’autres, sur le sens et les questions essentielles de la vie. Les parcours proposés par Alpha sont centrés sur la découverte de la foi chrétienne : Alpha Classic, Alpha Jeunes, Alpha Campus, Alpha Pro, Alpha Prison, Alpha Pro et d’autres sur la construction et la consolidation de la famille : Parcours Couple, Parcours Duo, Parcours Parents.
Un Parcours Alpha est toujours proposé en lien avec une paroisse ou une église, au sein d’une communauté chrétienne locale, en accord avec le curé ou le pasteur et sous son autorité. En 2017, environ 32 000 personnes ont suivi l’un de ces parcours, organisés et animés par un réseau de 9 000 bénévoles.

L’association a aussi développé, en partenariat avec l’association Talenthéo, un parcours intitulé « Des Pasteurs selon mon Cœur » qui prépare des prêtres au gouvernement de leur communauté paroissiale, dans une nouvelle dynamique de croissance de l’Eglise : près de 800 prêtres ont déjà suivi ce parcours en France. Un parcours similaire « Pasteurs Leaders » est également proposé pour les pasteurs.

L’association Cours Alpha France

C’est une association Loi 1901 dont la finalité est d’être un outil au service des paroisses et des églises en France, grâce à la générosité de ses donateurs. Une équipe nationale d’une quinzaine de permanents ainsi que des équipes régionales bénévoles, couvrant tous les départements, les aident à mettre en place et à développer les parcours au niveau local. Ces équipes travaillent notamment à la publication de ressources pédagogiques, de supports de communication, et à la formation des bénévoles lors des rencontres Alpha.
Le conseil d'administration
(source: "Alpha France" <contact@parcoursalpha.fr> 23 novembre 2017)

Le parcours de foi d'une victime d'un prêtre pédophile pour retrouver Dieu

Voir: http://www.lavie.fr/spiritualite/temoins/le-parcours-de-foi-d-une-victime-d-un-pretre-pedophile-pour-retrouver-dieu-19-04-2017-81524_688.php

Parce qu'elle a subi l'agression répétée d'un homme d'Église, Véronique Garnier a vacillé dans sa foi. Elle nous raconte comment, sans perdre de vue ni Jésus ni l'Esprit saint, elle renoue petit à petit avec Dieu.



C'était il y a cinq ans.

Tremblante, j'entrai dans le bureau de Jacques Blaquart, l'évêque de ma ville, Orléans. La femme d'une cinquantaine d'années que j'étais se répétait que tout irait bien ; la fillette de 13 ans et demi que j'ai été me criait de sortir, qu'être seule avec un prêtre était dangereux. Je lui ai vite exposé la raison de ma visite : « Je viens pour essayer de me réconcilier avec l'Église. » Son large sourire du début de notre entretien a fait place à un visage grave. « Enfant, j'ai été abusée par un prêtre. » J'ai lu la douleur sur ses traits. Il était la première personne de l'Église qui ne restait pas de marbre, ou gênée, face à mes paroles. Sa sensibilité m'a touchée. Depuis, son accompagnement et son écoute me réparent.

L'abus sexuel est une explosion intérieure 

Au-delà de la blessure physique et psychique, c'est ma vie spirituelle qui a éclaté. Je vis avec une foi abîmée depuis ce 20 avril 1975, où un homme qui célébrait la messe, qui sanctifiait les offrandes de ses mains, a posé ces mêmes mains sur moi alors que j'avais un peu plus de 13 ans. Ce prêtre, par ses gestes, a sali les sacrements qu'il a pu me donner et a volé ma relation à Dieu. À 15 ans, je lui ai imposé de ne plus me toucher. Plus tard, étudiante, m'est venue une question : voulais-je encore être chrétienne ? J'ai choisi d'avoir une vie de foi pleine et entière, mais je ne me suis plus retrouvée dans l'Église.

L'Esprit saint m'a guidée 

Je l'ai découvert dans la communauté du Chemin neuf, que j'ai commencé à côtoyer à Lyon en 1982. Je venais pour suivre une formation de trois mois, j'y suis restée 30 ans. J'y ai rencontré mon mari, et nous avons longtemps vécu en « fraternité de vie » avec d'autres familles. Nous avons eu huit enfants, et j'ai beaucoup aimé m'occuper d'eux. Je vivais pleinement mon rôle de mère au foyer, heureuse, alors qu'une partie de moi était morte, ensevelie.

Par miracle, je n'ai jamais cessé de prier Jésus


On dit que la Trinité, ce n'est pas découper Dieu en trois ; pourtant, cette séparation entre Dieu, Jésus et l'Esprit saint a été mon salut. En colère contre le Père, j'ai gardé le Christ près de moi. Même dans les années de doute – notamment quand, en 2009, je n'ai plus trouvé ma place au Chemin neuf ou, en 2010, quand les scandales de pédophilie dans l'Église ont fait remonter mon traumatisme –, j'ai continué à aller à la messe le dimanche. Souvent, je me tenais au fond de l'église, sans pouvoir ni parler ni chanter. Je ne désirais que recevoir l'hostie. Jésus était alors en moi, c'était un acte, je le voyais. Les paroles autour ne me rejoignaient plus, je ne les croyais plus. Mon tourment était permanent : la confiance étant rompue envers les prêtres, je craignais que la célébration ne soit que du théâtre, et que Jésus me soit « volé » sans que je le sache.

Mon chemin est long, pourtant il est extraordinaire

L'impossible s'y produit. La transformation, presque miraculeuse, s'opère jusque dans mon lien à Jésus. Longtemps, à Pâques, je descendais aux enfers avec Lui. Je le rejoignais dans sa souffrance, je le suivais sur son chemin de croix. Mais la Résurrection était pour le fils de Dieu, pas pour moi... Il y a trois ans, à mi-parcours dans mon travail spirituel avec Mgr Blaquart, lors de la lecture de la Passion, j'ai senti que Jésus s'est approché de moi, est descendu dans mon abîme, a partagé ma souffrance. Alors seulement j'ai compris qu'il venait, Lui, me relever. Ce 20 avril, 39 ans jour pour jour après que ma vie eut basculé, j'ai été bouleversée : la mort, inscrite en moi, était entraînée dans la Résurrection.

Dans mon histoire, la relation à Dieu comme Père a été la plus abîmée

Enfant, on m'a appris que Dieu était tout-puissant et qu'Il m'aimait. J'ai prié pour que le cauchemar cesse, mais ça ne s'arrêtait pas. Je comprends aujourd'hui que Dieu nous a créés libres et que si l'on veut faire le bien, alors Il est tout-puissant ; sinon, Il perd tout pouvoir face au choix de l'homme de faire le mal. Je me suis sentie abandonnée par Dieu si longtemps que revenir à Lui n'est pas facile. Si je me suis toujours confessée régulièrement, par devoir, je ne me suis plus confiée à partir du jour où un prêtre m'a refusé l'absolution quand j'ai laissé éclater ma colère contre Dieu. Aujourd'hui, en me laissant exprimer ma douleur envers le Père, Jacques Blaquart me permet de renouer une relation avec Lui. En m'écoutant, sans me juger, il m'offre la possibilité d'entrer dans une démarche de pardon avec Dieu.
Depuis que j'ai commencé à être ressuscitée, je me « réapproprie » la Parole de Dieu, c'est-à-dire que je la rends propre.

Aimant la prière ignatienne, je lis la Bible tous les matins

Elle est un appui fort. Depuis que j'ai commencé à être ressuscitée, je me la « réapproprie », c'est-à-dire que je la rends propre, et je la fais mienne de nouveau. La Parole de Dieu porte en elle les clés de mes avancées. Dernièrement, un texte d'Isaïe m'a fendu le cœur. Dieu parle au peuple et lui dit : « Un court instant, je t'ai abandonné, mais dans ma grande tendresse, je te rassemblerai. » J'ai lu des dizaines de fois ces mots et, l'an dernier, c'était comme si j'entendais une ouverture au dialogue de la part de Dieu envers moi, une promesse.

La parole – tout comme la Parole – libère réellement

Comme beaucoup de victimes d'un prêtre, j'ai écrit à Rome. J'ai raconté la profondeur de la veillée de demande de pardon et de réparation organisée avec l'évêque Blaquart et d'autres victimes en octobre 2016. Ce jour-là, mes larmes ont coulé avec celles de personnes de l'Église, nous avons dépassé les paroles creuses. Ensemble, ces pleurs ont lavé le passé et sont féconds pour l'avenir.
Rome m'a répondu en écho à ces larmes, par une invitation à regarder celles de Jésus au tombeau de Lazare. Cette lettre m'a rappelé combien je me suis sentie dans ce tombeau, mais aussi qu'il est entouré de personnes qui proclament, en voyant Jésus : « Voyez comme il l'aimait. » Alors, un peu comme Lazare, je suis en train d'être relevée de la prison de mon passé. Parfois, lorsque, avec Jacques Blaquart, j'exprime ma souffrance, il me confie que cela lui est douloureux. Je souris et je lui réponds : « Alors, peut-être êtes-vous vraiment mon prochain ? » Alors peut-être, par sa considération envers moi, je peux dire que je redeviens enfant de Dieu.
Propos recueillis par Sophie Lebrun publié le 19/04/2017