dimanche 22 septembre 2019

A propos de l'Europe (avant les élections européennes)

UTOPIE "Il n'y a pas si longtemps, l'utopie aurait pu se décliner ainsi: les voitures intelligentes roulent sans conducteur, la pauvreté régresse de façon spectaculaire dans le monde, plus de la moitié des humains sont connectés, l'Union européenne élargie est devenue l'une des plus grandes puissances mondiales, l'Afrique est en face de développement spectaculaire, la Chine est l'un des partenaires économiques majeurs des Occidentaux, pratiquement toute la planète se retrouve pour la protection des grands défis du XXIe siècle, à commencer par la lutte contre le réchauffement climatique, etc." Nicole Gnesotto, "L'Europe indispensable" CNRS Editions  

 CAUCHEMAR
"Le cauchemar de son côté aurait pu ressembler à cela: la Chine et les Etats-Unis optent pour la confrontation, l'Europe se désintègre, la violence terroriste et étatique, les classes moyennes occidentales s'appauvrissent, les régimes autoritaires mettent à mal la démocratie, y compris l'Europe, l'Amérique fustige le système multilatérale qu'elle avait elle-même mis en place dans l'immédiat après-guerre, la vie privée n'existe plus et les données personnelles sont devenues les vraies marchandises du commerce numérique, le réchauffement climatique devient sans contrôle et met à risque des millions d'individus dans le monde, etc." ib p.7) 


Chute de l’URSS Lorsque l’URSS communiste disparaît en 1991, lorsque l’Allemagne se réunifie et que toutes les anciennes possessions occupées par l’empire soviétique se libèrent pour rejoindre les démocraties et les institutions européennes, c’est un autre monde qui s’installe sur les décombres de la guerre froide : la petite Europe des 12, solidaire, chrétienne, riche et prospère, totalement déconnectée du monde sous le protectorat des Etats-Unis, cette petite Europe idéale disparaît. Définitivement. (ib p.8) 

CHINE Simultanément, à l’autre bout du monde, une même frénésie de changement affecte le monde communiste : la Chine s’ouvre au marché et adopte le système d’économie libérale occidental. (ib p.8) 

 UNION MONETAIRE 
Zone euro: « la crise internationale de 2008, puis celle des dettes publiques en Europe ont mis au jour les défauts de fabrication de l’union monétaire. Et notamment l’absence d’un budget européen commun en face de la monnaie unique, qui aurait permis d’organiser un développement harmonieux de la zone euro, du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest. En outre les politiques budgétaires sont restées gérées au niveau national et elles ont également divergé car les pays n’ont pas respecté le ‘règlement intérieur’ du pacte de stabilité et de croissance. Les économies ont elles aussi vu se creuser de grands écarts de compétitivité, des coûts du travail, et de systèmes sociaux… » (Céline Schoen, dans LaCroix 9/5/19) 

 « La mondialisation
enrichit globalement le monde mais elle accroît les différentiels de richesse entre des gagnants et des perdants d’une part ; elle rapproche les individus, les réseaux, les modes de production et de consommation, autant qu’elle divise les Etats, oppose les références culturelles, exaspère les crispations identitaires, d’autre part. » Nicole Gnesotto, "L'Europe indispensable" CNRS Editions p.10)
« La peur de la paupérisation fait désormais partie intégrante du paysage politique européen, avec toutes les conséquences que l’on peut en déduire : nostalgie du passé et valorisation des nations, adhésion aux idéologies les plus radicales contre l’Europe, la mondialisation des élites, l’étranger, dénonciation de l’impuissance ou de la complicité d’une Union européenne oublieuse des peuples européens, etc. » (ib. p. 12) 
« elle (l’Europe) doit prendre en compte cette foule de citoyens que la mondialisation malmène, ou qui sont persuadés que leur destin est celui d’une paupérisation inévitable. » ib. p. 37 

 « La seconde contradiction 
est plus évidente car immédiatement visible : la mondialisation unifie la scène économique et financière, mais la mondialisation politique n’existe pas. Le marché est mondial, la politique est fragmentée. etc. » (ib. p. 12)  
« C’est cette absence d’unification politique par les marchés qui rend caducs tous les rêves de paix universelle et de conversion culturelle aux canons de l’Occident. » (ib. p 13)  
« C’est ce sentiment de vulnérabilité économique des classes moyennes, cette résistance identitaire face à face à la l’unification des modes de production et consommation qui suscite autant de volonté de reconquête des souverainetés. » (ib. p 14) (ib p.8)
« L’Europe ne s’est pas réformée, elle n’a pas compris d’ailleurs qu’il fallait se réformer très vite, et que la mondialisation galopante ne lui permettrait plus de fonctionner sereinement sur les mêmes bases. » ib. p. 36
« les citoyens découvrent soudainement que l’Europe de délivre plus la prospérité de naguère, tout comme l’OTAN a du mal à assurer la sécurité de tous. » ib. p. 36

Moyen Orient
 « Sans l’intervention américaine de 2003 contre l’Irak, déclenchée par George W. Bush et soutenue par le gouvernement de Tony Blair, le Moyen-Orient ne serait pas en effet dans l’état de décomposition qui le ravage aujourd’hui, pas plus que l’Iran ne serait devenue cette puissance qui inquiète. Daesh est né d’une crise politique en Irak et en Syrie et de la haine des islamistes intégristes contre l’Occident ? » (ib. p. 17) 

Les Européens et les Américains
« Les Européens ont sans aucun doute péché par excès d’optimisme à l’égard de la Russie post-soviétique. Par excès de suivisme à l’égard de leur allié américain. » (ib. p. 18) 
Le président Trump dénonce en effet le multilatéralisme sous toutes ses formes: retrait de la COOP21 sur la climat, critique de l’OMC avec blocage sur la nomination des juges de l’instance, sortie du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, retrait du traité de 2015 sur le nucléaire avec l’Iran, retrait du traité sur les Forces nucléaires intermédiaires (FNI). Ira-t-il jusqu’à mettre en cause l’OTAN?” ib. p. 40 
 “la construction d’une souveraineté européenne dans le monde ne peut se réduire à la seule dimension militaire. D’abord parce que beaucoup d’atteintes possibles à la sécurité des Européens ne sont pas des menaces militaires.” (exemples nombreux indiqués) ib. p. 40 

Immigration
« c’est l’étranger-musulman-assisté-social-accueilli-et-payé-par-l’Europe’ qui devient la cible privilégiée de la réaction souverainiste et identitaire. Et c’est l’Union européenne la coupable aux yeux de milliers d’Européens : coupable de l’ouverture des frontières économiques à la mondialisation et coupable de l’ouverture des frontières géographiques aux réfugiés et à toute la misère du monde. » ib. p. 18  
« Nous avons failli, collectivement, Etats membres et institutions européennes, dans la gestion des réfugiés. Nous avons failli également dans la prise ne compte des inégalités croissantes et des nouvelles vulnérabilités sociales qui accompagnent la mondialisation. Nous n’avons pas su voir, que sur la base d’une population européenne vieillissante et en diminution constante, périodiquement traumatisée par des violences terroristes imprévisibles, un duo infernal allait engendrer le pire des poisons : l’alliance entre l’austérité économique collective (les réformes structurelles) et le chacun pour soi politique (sur les réfugiés). ib. p. 43 

Démocratie
“Aurait-on jamais pensé, au début de la crise économique de 2008, que la démocratie pouvait être en danger en Europe? Evidemment non. A l’époque, juste avant la crise, l’euphorie était plutôt de mise […] Or, en une décénie, l’euphorie s’est renversée: la démocratie s’avère soluble dans la mondialisation et l’Union européenne, comme les Etats membres, ne sont pas des rocs intangibles.” ib. p. 42