mercredi 10 avril 2019

Auvergne-Rhône-AlpesPuy-de-Dôme Puy-de-Dôme : sensibiliser les plus jeunes aux dangers d’internet

Internet et les réseaux sociaux sont devenus incontournables, notamment chez les plus jeunes, qui n'en maitrisent pas toujours les usages. Investigateur en cybercriminalité à la direction de la sureté publique du Puy-de-Dôme, Gilles portes fait de la prévention en la matière.

Afin de rassurer, mais surtout de sensibiliser les jeunes sur l’usage d’internet, Gilles Portes, investigateur en cybercriminalité à la Direction départementale de la sécurité publique du Puy-de-Dôme propose régulièrement des interventions dans les établissements scolaires. Car si aujourd’hui, tous les jeunes sont confrontés au net et aux réseaux sociaux, ils se lancent souvent sans avoir eu de mode d’emploi. Un constat qu’il déplore.
"C’est une formation qui se fait sans assez d’adultes qui les entourent. Souvent les parents sont dépassés et n’ont même pas conscience de ce qui se passe sur les réseaux sociaux. Je pense que malheureusement, ces générations apprennent dans la douleur ".

Ne jamais envoyer ses papiers d’identité,
ne jamais donner son adresse,
ne payer ses achats que via des transactions sécurisées… 


et surtout ne pas hésiter à alerter un adulte référent ou à même se rendre au commissariat en cas de danger: voilà les conseils que Gilles Portes délivre aux jeunes.
"Demandez-vous toujours si ce que vous faites sur internet, vous le feriez dans la vraie vie". Car sur internet, les cas de harcèlement et les arnaques sont nombreuses. Proies faciles, les jeunes se sentent alors pris au piège et ne savent pas toujours comment réagir.

Autre piège potentiel pour ces jeunes, l’addiction. Un piège qui là encore peut être évité en faisant simplement preuve de bon sens, comme le rappelle Gilles Portes : « Essayez d’avoir du recul et de vous déconnecter de temps en temps. Et demandez-vous toujours si tout ça a vraiment autant d’importance que ce que vous pensez ».

Article de Valérie Riffard relevé sur le site de Auvergne-Rhône-Alpes (Voir l'adresse ci-dessous)



 https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/puy-de-dome/puy-dome-sensibiliser-plus-jeunes-aux-dangers-internet-1652016.html#xtor=EPR-521

mercredi 3 avril 2019

Pour une Eglise de France sur ses deux pieds

« À la messe, changez de place, a indiqué mon curé comme effort de Carême. Ne hantez pas toujours le même bas-côté. » On voit le but : sortir des habitudes et faire mieux communauté. Pas si facile… et cependant, dans la crise ecclésiale actuelle, on peut penser qu’il faut aller plus loin : « changer de place », c’est poser également la question de la représentation du laïcat en France, dans sa mixité et sa pluralité, et examiner si rien ne pourrait être fait pour faciliter sa prise de parole et sa participation.

En effet, pour des raisons historiques et structurelles, ce n’est pas simplement la gouvernance, mais aussi l’expression et la représentativité de l’Église qui semblent cantonnées aujourd’hui dans l’orbe ecclésiastique. Inachevé en 1870 à cause de la guerre européenne, le concile Vatican I n’avait eu le temps que de renforcer le pouvoir centralisateur romain et la stature spirituelle du pape.

Non sans effets positifs, juste avant l’âge des sécularisations, des nationalismes et des totalitarismes : c’est parce qu’elle était plus reliée à Rome que jamais que l’Église de France put ainsi s’adapter assez aisément après 1905 à sa séparation d’avec L’État. Et les consciences ont bien souvent, depuis, trouvé réconfort et lumières dans l’aura et l’universalité pontificales.

Vatican II, un concile sans les laïcs


Le concile Vatican II, ensuite, vint aussi renforcer le pôle épiscopal. De 1962 à 1965, les pères conciliaires passèrent trois mois à Rome chaque année. Mais le clergé de base et le laïcat restèrent spectateurs de ce grand brainstorming : le Concile parla des laïcs… sans eux. Du côté du laïcat et de ses militances, cette position spectatrice fut certes contestée : il y eut de la surenchère réformatrice ou antiréformatrice jusqu’en 1975, puis vint la démobilisation. Lors des conciles précédents, les décisions ecclésiastiques avaient toujours rencontré des interfaces, parfois des contrepoids, dans la société : celles du concile de Trente au XVIe siècle avaient dû ainsi se faire « enregistrer » par les puissances laïques – princes, parlements, universités…



Mais le contexte nouveau de liberté religieuse en Occident permit aux pères de Vatican II d’achever le desserrement des liens avec l’État – précieuse liberté, qui laissait cependant l’institution ecclésiastique flottante et sans ancrage du côté du monde séculier. Tandis que l’institution des synodes et celle, en 1966, des conférences épiscopales augmentaient sensiblement la place des évêques dans la gouvernance générale, l’usure et le large démantèlement dans les années 1970 des divers mouvements de l’Action catholique achevaient de disperser tout laïcat organisé.

Par le baptême, « nous sommes l’Église »


Or, les failles et les ressentiments qui s’observent aujourd’hui l’attestent : l’économie actuelle de notre Église, à l’échelle nationale comme à celle diocésaine, souffre de cette organisation déséquilibrée. Par le baptême, « nous sommes l’Église » ; on nous l’a souvent répété au catéchisme : ce n’est pas l’Évangile seulement, c’est l’Église également, qui nous est trop précieuse pour que l’on puisse entièrement abandonner son souci et sa responsabilité aux seules institutions ecclésiastiques. Il faut dès lors réaménager des interfaces selon des modalités nouvelles.

Modalités nouvelles… sans être pourtant révolutionnaires ni bouleverser l’ecclésiologie communément partagée ; il existe par exemple en Allemagne depuis plus de cent cinquante ans une institution laïque dont nous n’avons pas l’équivalent en France et qui pourrait nous servir de guide : le « Comité central des catholiques allemands » (ZDK), qui représente le laïcat auprès de la Conférence épiscopale comme dans l’espace public. Ses origines remontent au milieu du XIXe siècle, lorsque la minorité catholique dut se défendre contre le Kulturkampf bismarckien. Le ZDK intervient dans les débats ecclésiaux, sociétaux ou œcuméniques et sert d’interlocuteur aux partis politiques.

Une structure qui a le mérite d’exister
Il organise les fameux Katholikentage, journées de réflexion qui réunissent plusieurs milliers de catholiques. En quête de représentativité, ses 230 membres des deux sexes sont désignés de trois manières : délégués des mouvements et œuvres catholiques ; délégués des laïcs membres des conseils diocésains ; personnalités qualifiées de la société civile et aptes au travail commun.

Ce n’est qu’une structure : elle n’est donc pas parfaite. Sa représentativité a parfois été contestée ; ses liens étroits avec l’épiscopat n’ont pas toujours empêché les déphasages ou les tensions. Ce n’est qu’une structure, guettée en tant que telle par la rigidité ou la bureaucratie – et ni à l’époque nazie où elle fut suspendue, ni face aux effets de la sécularisation, elle n’a fait de miracles. Ce n’est qu’une structure, mais elle a déjà le mérite d’exister. Sans préjuger ici des adaptations nécessaires, l’heure ne serait-elle pas venue de doter l’Église de France d’une institution comparable, pour qu’elle puisse un peu mieux marcher sur ses deux pieds ?
(article de Michel Fourcade paru dans le journal La Croix, le 1er avril 2019)


https://www.la-croix.com/Debats/Forum-et-debats/Eglise-France-deux-pieds-2019-04-01-1201012691