vendredi 17 août 2018

Lorsque l’on dit « Je crois », on ne dit pas « Je sais »

Très en colère, très rouge, quelqu’un s’indigne devant moi qu’en plein XXIe siècle, on puisse se demander encore si Jésus a existé, s’il était le fils de Dieu. Sornettes, crie-t-il ! Selon cet homme très sûr de lui, il est même ridicule de se poser la question !
J’en reste muet. Je ne réponds pas, par crainte de le blesser.
Il s’estime intelligent alors qu’il vient de nous prouver sa stupidité.
Il s’imagine moderne, progressiste alors qu’il vitupère avec intolérance, qu’il tombe dans un fondamentalisme dangereux - comme tous les fondamentalismes - le fondamentalisme athée, la doctrine fanatique de ceux qui se croient au-dessus de tout, abusés par rien ni personne.
Selon lui, tous ceux qui croient sont des imbéciles. Et lui qui ne croit en rien vit dans la vérité. Il ne lui est pas venu à l’idée qu’il se contente d’opposer une croyance à une autre croyance, une foi à une autre foi.
La seule attitude intellectuelle honnête concernant l’existence de Dieu ou du Christ consiste à dire : « Je ne sais pas. » L’agnosticisme doit demeurer notre base, à tous.
Lorsque l’on dit « Je crois », on ne dit pas « Je sais ». Ce que je crois n’est pas ce que je sais.
Lorsque l’on dit « Je ne crois pas  », on ne dit pas non plus «  Je sais que ça n’est pas  ». Dans l’ordre de la vérité, ne pas croire à quelque chose ne donne aucun mérite supplémentaire.
Restons humbles et mesurés. Une croyance athée ou une croyance chrétienne demeurent des croyances. Jamais une science. Et chacune mérite le respect qu’on doit adresser à toute conviction.
Eric-Emmanuel SCHMITTl’Evangile selon Pilate, p. 279

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire